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Les escrocs de la réno (1/5) : comment les faux comptes MaPrimeRénov’ prolifèrent
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Les escrocs de la réno (2/5) : De MaPrimeRénov’ au CPF, place aux leads
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Les escrocs de la réno (2/5) : De MaPrimeRénov’ au CPF, place aux leads
Dans ce deuxième volet de notre enquête sur les modes opératoires des escrocs à la rénovation énergétique, nous nous penchons sur les enjeux des leads, et sur les réseaux croisés entre les fraudes à MaPrimeRénov’ et le Compte personnel de formation (CPF).
Pierre Pichère
A priori, aucun rapport entre MaPrimeRénov’ et le CPF. Sauf le processus : une plate-forme publique, à laquelle il faut s’identifier par France Connect. « Ce sont souvent les mêmes acteurs qu’on a pu croiser dans les fraudes aux CEE, mais aussi le CPF, explique la commissaire de police Jessica Finet, chef de la Brigade de recherche et d’investigation financière (BRIF) à la préfecture de police de Paris. Il faut bien comprendre que ces réseaux disposent d’outils de blanchiment, et qu’ensuite ils imaginent toutes les fraudes possibles pour les alimenter. » Des messages que nous avons pu récupérer dans des groupes WhatsApp rassemblant des spécialistes des aides à la rénovation énergétique attestent des liens entre les fraudes à la rénovation énergétique et celles au CPF.
Ces achats peuvent servir, comme nous l’avons expliqué dans l’épisode précédent, à récupérer des listings avec des numéros France Connect pour créer de faux comptes sur le site de l’Anah. Mais certaines de ces entreprises réalisent malgré tout les travaux. « Certains fraudeurs au CPF fournissent aussi un powerpoint sur une clé USB, pour 3000 € ! », relève la commissaire Jessica Finet. Pour ces entreprises qui durent un peu plus d’une saison, il faut récupérer l’argent en toute discrétion, sans attirer l’attention de Tracfin.
Une filière s’est développée autour de l’achat de leads. Des offres circulent très régulièrement sur les groupes WhatsApp.
« Pour éviter les impôts et taxes, ces entreprises achètent trop cher des leads auprès de prestataires au Maroc, puis se font verser dans ce pays en liquide la surfacturation », nous détaille un acteur qui observe de près ces réseaux à l’œuvre. L’argent peut servir à vivre généreusement, mais aussi chez certains à rémunérer des sous-traitants qui interviennent sur les chantiers, évitant ainsi la TVA. Car beaucoup de ces entreprises qui génèrent quelques millions, voire dizaines de millions d’euros de chiffre d’affaires n’emploient pas de collaborateur. Certes, la sous-traitance est censée être limitée à 25 % dans les entreprises RGE, mais elle reste très difficile à contrôler, surtout si elle n’est pas déclarée !
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