La crise touche de plein fouet le promoteur angevin P2i

Fondée en 1994 à la Ferté-Macé dans l’Orne, P2i a démarré son activité au Mans avec un rythme de 50 à 100 logements par an durant plus d’une décennie. Changement d’échelle en 2011 : l’entreprise est reprise par Gilles Madre l’immobilier résidentiel et d’entreprise sur les Pays de la Loire.

La société intervient beaucoup à Nantes avec des opérations phare comme Naonys (12040 m2 de SP de bureaux) mais elle s’ancre durablement à Angers avec notamment le rachat en 2018 de l’opérateur local historique Abraham Promotion. Depuis sa base angevine, P2i se développe dans tout le Grand Ouest, en Ile-de-France, ainsi qu’en région Auvergne -Rhône-Alpes, notamment depuis 2022 avec l’ouverture d’une agence à Annecy.

2023, année noire

2022 sera une année importante pour le groupe qui, avec une centaine de salariés et un environnement déjà complexe, dépassera le seuil symbolique de 100 M€ de chiffre d’affaires (102,5 M€, +32% sur un an), avec un résultat net en forte progression à 4,97 M€ HT (soit 4,85% du CA)

La profonde crise que traverse le secteur de la promotion depuis le début de l’année 2023 vient ternir cette belle histoire. Malgré un chiffre d’affaires de 120 M€, en hausse de 17%, P2i affiche désormais un résultat net négatif à hauteur de 8 M€. Les perturbations du marché immobilier ont entraîné un blocage des fonds propres plus long dans les opérations ayant entraîné un problème de liquidité à court terme pour l’opérateur. Devant faire face à des dettes fournisseurs importantes, P2i a été sommé de réagir. Des négociations seraient en cours avec les créanciers afin de procéder au décalage des remboursements en conservant le paiement des intérêts et en renégociant les taux.

« Un travail d’ampleur a été entrepris avec nos partenaires obligataires et bancaires pour remonter des fonds » explique Gilles Madre au Moniteur. Nous procédons à des ventes de programmes immobiliers en bloc au profit de bailleurs sociaux et d’investisseurs privés. Et pour consolider nos moyens, nous cédons aussi un certain nombre d'opérations et d’actifs immobiliers à des confrères, foncières et sociétés dédiées » poursuit-il.

Dans le dernier rapport du projet « Voltaire » à Angers destiné aux investisseurs, le site de crowdfunding immobilier Homunity assure que « le Groupe P2I porte 30 projets en cours de construction, représentant plus de 12 M€ de marge brute et afin de pallier la situation économique et le besoin de trésorerie à court terme, 61 projets sont en cours de cession par l’opérateur dont 31 sont cédées ou en cours de cession ».

Restructuration

Plus largement, l’entreprise est en train de revoir son modèle pour s’adapter à cette crise structurelle et conjoncturelle. « Une restructuration des agences et des équipes est à venir » indique Gilles Madre sans plus de précision. « P2i est pleinement mobilisée afin de de préserver sa pérennité et celle de l’écosystème qui en dépend » assure-t-il. Cela devrait passer par une réduction de la masse salariale, la fermeture de certaines agences et une réduction des frais généraux.

Le projet de nouveau siège social que le groupe envisageait de construire en 2026 en face au stade Raymond-Kopa fera les frais de cette restructuration. « L’ensemble des moyens du groupe sont mobilisés pour les opérations. Et de fait, le siège social n’est plus un projet d’actualité » confirme le dirigeant.