Enlaps met l'image et l'IA au service de l'analyse des chantiers
La startup BtoB française propose des caméras connectées reliées à une plateforme SaaS qui permettent avec l'intelligence artificielle de modéliser les tendances structurelles et organisationnelles des chantiers.
Propos recueillis par Adrien Pouthier
Quelle technologie utilisez-vous ?
Antoine Auberton, CEO : Nous avons créé Enlaps fin 2015. Notre solution Tikee combine une caméra autonome en énergie (Tikee 3 PRO), qui effectue des prises de vue à 220°, et une plateforme cloud myTikee, permettant de stocker, d’éditer, d’analyser et de partager les images capturées. Afin de s’assurer que ces données soient collectées continuellement et sans délai, la caméra est connectée à cette plateforme en 4G.
Pourquoi les chantiers de BTP ?
Benoît Farinotte, CTO: Cela s’est fait assez naturellement. Notre technologie permet de documenter les différentes phases de construction ou de se connecter au chantier en temps réel. Le marché s’est approprié notre solution et le BTP représente aujourd’hui 80% de notre activité. Plusieurs milliers de chantiers sont équipés de nos caméras dans une soixantaine de pays, principalement en Europe et aux Etats-Unis.
A.A: Les entreprises de construction et les maîtres d’ouvrage se servent des images à des fins de communication sur leurs savoir-faire. Par ailleurs, les conducteurs de travaux utilisent nos produits pour extraire des informations sur le déroulement d’un chantier, ou pour préparer les reportings hebdomadaires. Pendant le Covid, les images capturées par Tikee permettaient de surveiller plusieurs chantiers en même temps et à distance.
B.F : Les usages sont multiples et actuellement dans le cadre de notre R&D, nous développons de nouveaux outils basés sur nos algorithmes d’intelligence artificielle qui permettent d’extraire d’autres données analytiques à partir des images collectées, afin d’accompagner au mieux les entreprises de ce secteur ainsi que les donneurs d’ordre. Nous sommes par exemple capables de mesurer un taux d’activité, l’influence de la météo, ou encore de quantifier une flotte d’engins, chantier par chantier, région par région, en complément des outils classiques de gestion de flotte.
A.A : Depuis peu, ces analyses nous permettent de mener des études comparatives à différentes échelles : nationale, régionale ou encore par secteur d’activité. A partir des images collectées avec notre solution Tikee, nous éditons un certain nombre de données, qui sont soit fournies « brutes », soit agrégées dans des tableaux de bord.
Quel niveau de détail peut-on observer grâce aux images capturées par les caméras Tikee ?
Adrien Fontvielle, responsable R&D : Généralement les caméras sont placées en hauteur, afin de dominer le chantier et d’offrir un point de vue large. Grâce à ce positionnement des caméras, leur grand angle de prise de vue ainsi que leur très haute définition (16 millions de pixels pour chacun des deux objectifs), il est possible de détecter différents ports d’EPI comme les gilets ou les casques.
A.A : Cette application de notre technologie permet d’optimiser la sécurité des personnes sur le chantier, en contrôlant notamment le respect des zones « tampons » entre les ouvriers et les engins.
A.F. : À partir du moment où les caméras sont correctement positionnées, il est tout à fait possible de déterminer un plan d’occupation au sol du chantier et, en tenant compte des distances de sécurité entre les ouvriers et les engins, de définir ces zones. Pendant le confinement nous avons mené une étude avec une grande métropole française sur le respect des règles de distanciation : grâce à une seule caméra posée à un carrefour, nous avons pu déterminer précisément dans l’espace les zones à occuper ainsi que celles devant rester vacantes, afin de s’assurer que chaque personne travaille conformément aux règles établies, et puisse donc exercer son activité en toute sécurité